Manuela ou la face cachée de la duchesse d’Uzès (1847-1933)
Bonnelles
Femme à la vie trépidante, châtelaine de Bonnelles, elle s’intéressa à la nature, la sculpture, la peinture, la littérature, la poésie, la musique, sans parler de la politique, du sport et de ses actions féministes ! Mais la réputation peut parfois éclipser l’oeuvre. Elle adopta le pseudonyme de Manuela afin de s’évader plus facilement de son rang. La duchesse possédait plusieurs ateliers : à Bonnelles, aux Champs-Élysées et dans le quartier des Ternes à Paris. À Bonnelles, elle réalisa la sculpture du monument aux morts situé devant l’église. Pour l’église de Clairefontaine, elle sculpta la Vierge qui orne le mur extérieur. De nombreuses autres communes possèdent l’une de ses Vierges : Poissy, Reims, Pierrelongue (Drôme), Fontaneilles (Aveyron), etc. Un buste représentant sa belle-fille est conservé à Uzès ; d’autres statues encore, à Pont-à-Mousson, Mehun-sur-Yèvre et Bièvres. En littérature, elle publia une dizaine de romans, de pièces de théâtre et d’essais poétiques, tout en entrecoupant ces disciplines d’une pratique apaisante du piano. Manuela mériterait bien plus qu’un titre de noblesse !
Juliette Adam (1836-1936)
Gif-sur-Yvette
Écrivaine polémiste, elle acquit le domaine de l’abbaye de Gif-sur-Yvette en 1882 et y vécut de 1904 jusqu’à sa mort en 1936. La ville a donné son nom à un collège et à une rue. Auteure d’une cinquantaine de romans, de mémoires et de réflexions politiques, elle côtoya Hugo, Flaubert, Gambetta… Elle créa La Nouvelle Revue, publication littéraire qui révéla Guy de Maupassant, Paul Bourget, etc.
Nina Berberova (1901-1993)
Bullion
Auteure russe exilée à Paris, elle a vécu à Longchêne de 1938 à 1946 avec le peintre russe Nikolaï Makeiev. Son passage à Longchêne, hameau de Bullion, a été d’une grande discrétion, la laissant tout à loisir à son oeuvre littéraire qui n’éclata auprès du grand public qu’à la toute fin de sa vie avec la publication de L’Accompagnatrice en 1985, succès international dont Claude Miller fit plus tard un film. Une vingtaine d’ouvrages écrits dans les années 1930 et 1940, donc en partie à Bullion, a été publiée depuis, dont C’est moi qui souligne (1989), dans lequel elle évoque ses années longchênoises.
Marta Pan (1923-2008)
Saint-Rémy-lès-Chevreuse
Ses sculptures abstraites aux lignes épurées et lumineuses ont conquis le monde. On peut admirer diverses pièces dans le parc du domaine de Coubertin, notamment Les Trois Disques fendus qu’elle offrit à la Fondation. Non loin : La Perspective de Guyancourt, ensemble composé de trois sculptures formant un trait d’union entre la ville nouvelle et le parc des sources de la Bièvre.
Avec son compagnon, l’architecte André Wogenscky (1916-2004), disciple de Le Corbusier, ils conçurent à Saint-Rémy-lès-Chevreuse une maison adaptée à leur mode de vie, toute de fluidité et offrant de vastes ateliers de travail, notamment pour Marta qui préparait là les pré-maquettes de ses oeuvres souvent gigantesques. Selon la volonté du couple, leur demeure, inscrite au titre des Monuments historiques depuis 1997, est devenue après leur disparition le siège de la Fondation Marta Pan et André Wogenscky.
Ingrid Bergman (1906-1982)
Choisel
L’actrice fétiche d’Alfred Hitchcock, l’étoile européenne sans doute la plus emblématique et la plus brillante du cinéma du siècle dernier s’était installée en 1958 à la Grange aux Moines avec son mari, le producteur Lars Schmidt. Venue pour trouver sérénité et paix, elle participa en toute simplicité à la vie du village, au Noël des enfants, etc. En 2005, la commune réhabilita l’ancienne mairie-école qui devint alors le centre culturel Ingrid-Bergman.
Colette (1873-1954)
Méré – Les Mesnuls
L’artiste romancière, mais aussi mime, actrice, journaliste, résida à Méré de 1936 à 1940 et séjourna fréquemment aux Mesnuls dans une maison, La Baguenaude, qu’elle loua pour une amie et qu’elle évoqua dans ses Lettres à Moune et au Toutounet, 1929-1954.
Elsa Triolet (1896-1970)
Saint-Arnoult-en-Yvelines
Muse de Louis Aragon, Elsa Triolet, romancière originaire de Moscou, fut la première femme à obtenir le prix Goncourt en 1945 au titre de l’année 1944. Aragon lui offrit « un petit coin de France » en 1951 : le moulin de Villeneuve, site d’une grande quiétude où ils purent laisser pleinement s’épanouir leur passion commune. Passion palpable à la visite du site, devenu la Maison Triolet-Aragon, lieu de mémoire, de recherche, grâce à sa bibliothèque de plus de 30 000 volumes, et de soutien à la création artistique contemporaine (expositions, rencontres, concerts…).
Sonia Delaunay (1885-1979)
Gambais
Initiatrice avec son mari Robert Delaunay (1885-1941) d’un art abstrait mêlant la lumière, le pouvoir dynamique et expressif de la couleur aux recherches cubistes, Sonia Delaunay projeta de créer un musée au Boulay, un hameau de Gambais, dans la ferme que le couple avait investie à la Belle Époque. Mais le projet n’aboutit pas. Elle repose dans le cimetière de la commune avec son époux et leur fils, Charles.
Article de Patrick Blanc pour l'Echo du Parc n°66