Les vertus d’une maison passive sont peu connues : « il y a encore des collègues qui ne nous croient pas lorsqu'on leur dit qu’on dépense 50 euros par an pour le chauffage » s’amuse Philippe. « Même nos parents redoutaient au début du projet qu’il fasse froid chez nous » ajoute Hélène...
Et pourtant les résultats sont là ! Le couple a tenu à jour des tableaux de suivi des dépenses, et des consommations. « Un réflexe lié à nos professions scientifiques sans doute, mais pour nous l’un des aspects les plus exaltants dans cette aventure, c’était d’analyser les chiffres, de faire les calculs de performance, de confronter les modèles théoriques à la réalité » admettent-ils.
Grâce à ce recueil de données, ils peuvent mesurer facilement le surinvestissement à la construction, les économies réalisées en fonctionnement et donc le bénéfice global de cette maison passive (voir encadré). Mais la première des réussites est d’abord de l’ordre du ressenti. « Il fait toujours bon chez nous, même lorsque dehors la température est négative » constate Hélène. « Il nous arrive même en hiver de devoir ouvrir la fenêtre pour ne pas avoir trop chaud. On ressent une douceur constante et homogène d’une pièce à l’autre, c’est très agréable. Et l’été, sans climatisation, la maison reste fraîche. »
Une technique qui marche
« La seule vraie contrainte que nous ayons rencontrée au cours du projet, c’est de trouver des prestataires aguerris à cette technique » précise Hélène. Car si le concept est simple, la mise en œuvre est exigeante :
La couche isolante doit être parfaitement étanche à l'air, ce qui implique de ne pas percer de trous dans cette enveloppe pour passer les gaines. Il faut donc anticiper tous les passages des conduits de plomberie et d’électricité et une bonne coordination des corps de métiers de la part du constructeur. Mais il est probable que si cette norme de construction devenait la règle en France, les professionnels du secteur s’adapteraient, apprendraient. Ils gagneraient en expérience et feraient des économies d’échelle sur les matériaux. Le coût à la construction baisserait et on trouverait plus facilement des constructeurs qualifiés.
La règle un jour ?
Qu’elles soient HQE, bioclimatiques, basse consommation ou passives, les constructions conçues dès l’origine pour se passer de chauffage restent encore très minoritaires par rapport au secteur global de la construction neuve. Alors que ces techniques ont prouvé leur efficacité, ont un excellent bilan carbone et peuvent être mises en œuvre par des professionnels locaux, elles tardent hélas à s’imposer comme la norme de toute construction en France. Rappelons qu’à l’échelle nationale, chaque année environ 44 % de la consommation énergétique provient de l’habitat résidentiel et tertiaire (source ADEME). Pourtant l’énergie la plus propre et qui préserve les ressources, c’est bien celle que l’on ne consomme pas ! La maison qui n’a pas besoin de chauffage est une évidence qui devrait s’imposer à terme.
Le Bilan énergie, dépenses et économies en chiffre :
- Zéro chauffage : il y a bien un petit radiateur électrique dans le salon, mais il ne fonctionne presque jamais, seulement les jours d’hiver très froids et sans luminosité. Quand on sait que le coût des énergies ne cesse d’augmenter, pouvoir se passer de chauffage est déjà économique aujourd’hui mais le sera encore plus demain !
- Le coût de cette construction est de 1 200 euros TTC au m2 (pour une surface de 130 m2, sachant que la famille a réalisé elle-même les sols, les revêtements et l’installation de la cuisine et des sanitaires). C’est donc un léger surcoût par rapport à une construction classique. Très vite amorti, si on le rapporte aux économies sur le chauffage.
La famille voulait aller plus loin encore dans la préservation des ressources, elle a ajouté d'autres équipements écologiques :
- 75% de l’eau sanitaire est chauffée par les panneaux thermiques,
- 63% de la consommation électrique provient des membranes souples photovoltaïques (50 m2),
- 50% de l'eau consommée dans la maison provient de la cuve qui récupère les eaux de pluie. Elle est utilisée pour les toilettes et le lave linge.
Echo du Parc - juillet 2019
D'autres maison passives
Découvrez le témoignages de trois autres habitants qui vivent dans une maison passive depuis plusieurs années et peuvent avec le recul faire le bilan en terme de confort et d'économies.