Plusieurs sites portent la marque de faits singuliers. En Yveline, pays des sources d’eau, les miracles, les guérisons, la fertilité attribuée au précieux liquide jaillissant des entrailles de la Terre donnent lieu aujourd’hui encore à des fêtes villageoises, dont on a parfois oublié l’origine. Ailleurs, les forces telluriques ont imprégné la matière, le minéral, autant que les esprits. Et que dire de la forêt, labyrinthe de sortilèges, royaume des mystères ?
Entre le Carrefour des Druides et la Source aux fées, allons nous promener en ces mille lieux magiques, pendant que le loup n’y est pas…
LE DOLMEN DE LA PIERRE ARDOUE
SAINT-LÉGER-EN-YVELINES
Dans une clairière à la croisée de sentes forestières près du chemin des Buttes Rouges et à moins d’une lieue du Carrefour des druides repose un mégalithe qui ne semble pas avoir atterri là par une opération cinématographique. Deux de ses quatre piliers se sont effondrés sous la plaque de grès pesant entre 15 et 20 tonnes. Elle aurait été déplacée depuis une carrière éloignée. Son transport ardu lui aurait donné son nom : ardoue. C’est le plus important dolmen de la région francilienne. Il a été classé monument historique au début du XXe siècle. Pour le reste des interprétations, faites votre marché !
Implantée ici depuis 2500 à 3000 ans, la pierre matérialiserait simplement pour certains une borne entre les tribus gauloises Parisii (au nord) et Carnutes (au sud). D’autres estiment l’édifice encore plus âgé (période néolithique) et l’interprètent comme une table de sacrifice élevée par les Carnutes. Présenté également comme un autel druidique, entouré de chênes couverts de gui sacré, le lieu serait propice selon une autre légende, à soigner tous les maux.
Serait-ce encore un marche-pied pour la Vierge au moment de son ascension, comme le prétendent d’autres écrits ?
On dit à propos des dolmens qu’ils sont un lieu de sépulture collectif. Aucune fouille n’a cependant été effectuée, la chambre funéraire aurait été vidée et creusée vers la fin du XVIIe siècle pour servir de bergerie.
Enfin, la rencontre sur place d’un radiesthésiste et de sa patiente apporte une hypothèse ésotérique supplémentaire et tout aussi irrationnelle : la pierre, vectrice de forces cosmotelluriques aiderait à se ressourcer et à rééquilibrer son énergie interne. À vous de découvrir ce site et d’y puiser ce que bon vous semble ! Mais méfiez-vous, le voisinage des dolmens après le coucher du soleil est, paraît-il, redoutable…
LE LAVOIR DE LA SOURCE AUX FÉES
SAINT-FORGET
À quelques dizaines de mètres du pied de la Butte Ronde, de ses dalles rocheuses et de ses majestueux hêtres au tronc lisse et gris, coule une source connue autrefois pour ses vertus prétendues thérapeutiques, censées faire disparaître instantanément le mal. Au milieu du XIXe siècle, des ex-voto dédiés à des déesses antiques étaient découverts sur ce site appelé alors « trou aux fées » ou « fontaine aux fées ». Au sommet de la Butte Ronde se dressait jadis un temple où Diane, déesse de la chasse et des forêts était vénérée. Forêt, amoncellement rocheux, source, tous les ingrédients préférés des bonnes fées protectrices sont en effet réunis ici ! Mais au fait, pourquoi avoir édifié un lavoir (restauré en 2005) aussi éloigné de toute habitation ? Le mystère demeure ! Quant à la source, il s’agit d’une résurgence d’eau filtrée par les sables de Fontainebleau.
SAINTE ANNE ET LA FONTAINE VERTUEUSE
BULLION – HAMEAU DE MOUTIERS
Qualifiée de source druidique, la fontaine Sainte-Anne était réputée guérir la stérilité et protéger les récoltes. Des processions s’y rendaient après avoir célébré la sainte dans la chapelle voisine. On lui prête aussi la croyance d’exaucer les voeux faits en lançant une pièce dans le bassin. Une fête populaire s’y déroule encore, généralement le dernier week-end de juillet. L’eau de la fontaine n’est pas « potable ». Restent les voeux contre une pièce, qui sait ?!
LE TAUREAU ET LA STATUE DE LA VIERGE / ABBAYE NOTRE DAME DE LA ROCHE
LÉVIS-SAINT-NOM
D’un sabot déterminé, un vénérable taureau gratte le sol jusqu’à déterrer une statue de la Vierge… Nous sommes au XIIe siècle. La légende ajoute qu’à cet emplacement miraculeux, le curé de Maincourt édifia un ermitage pour abriter la précieuse sculpture. Était-elle de glaise, l’histoire ne le précise pas 7? L’abbaye fut fondée sur le site quelques décennies plus tard, en 1232, par Guy de Lévis. Des pèlerinages en l’honneur de la Vierge Marie s’y déroulèrent jusqu’au début du XIXe siècle. Ils existent encore mais ont pour destination l’église de Lévis-Saint-Nom.
Une statue de la Vierge issue de l’abbaye y fut en effet transportée vers 1808. Elle s’y trouve encore aujourd’hui. Mais est-ce l’oeuvre originelle ?
LA FONTAINE SAINT-THIBAUD, SOURCE DE FERTILITE
ABBAYE DES VAUX DE CERNAY
Dans l’enceinte du domaine de l’abbaye, la fontaine Saint-Thibaud serait à l’origine de la descendance de Saint-Louis. La reine de France, Marguerite de Provence, et Louis IX dit le Prudhomme, mariés depuis plus de cinq ans, n’avaient toujours pas d’enfants. Après avoir bu l’eau de la source de l’abbaye et reçu les prières de l’abbé Thibaud, ils eurent onze enfants !
L’EAU MIRACULEUSE DE LA SOURCE SAINT FORT
POIGNY-LA-FORÊT
À la Pentecôte, la fête du village célèbre chaque année Saint Fort, évêque de Bordeaux dont voici la légende. Au début du christianisme, le prélat de passage dans la forêt d’Yveline, rencontra là un enfant pleurant sa paralysie. Saint Fort fit jaillir une source et l’invita à s’y baigner. L’eau miraculeuse le guérit. Un oratoire fut édifié à côté de la source.
Article de Patrick Blanc pour l'Echo du Parc n°71 (juin 2016)