Au fil des années, le patrimoine se transforme, parfois de façon presque imperceptible. Il est le livre ouvert qui permet de conserver les traces de différentes époques. « Le voyage du patrimoine » évoque enfin le mobilier (vieilles voitures, malles…) et les infrastructures qui permettent de se déplacer. Le territoire est maillé de voies de communication (routes, chemin de fer, bacs…), parfois anciennes, marquant les paysages. De nombreux bâtiments liés au voyage sont apparus au bord de ces voies. Gares, auberges et autres relais routiers ont ainsi été construits pour faciliter la vie des voyageurs...
Le voyage des hommes
Pendant la seconde moitié du XIXe siècle, de nombreuses carrières de meulière sont ouvertes. Leur développement est tellement important que l’on fait appel à des ouvriers étrangers au territoire. Dans un premier temps, ce sont des carriers bretons qui assurent l’extraction de la pierre. À Senlisse, ils créent, sur le plateau, un véritable quartier nommé la Petite Bretagne. Puis à partir du début du XXe siècle, des ouvriers italiens, majoritairement piémontais, viennent travailler dans les carrières. Ils s’installent petit à petit dans les villages et y fondent des familles. Le cimetière de Maincourt abrite de nombreuses sépultures de carriers. Non confessionnelles, ces tombes sont constituées de monolithes de grès.
Avec l’arrivée du chemin de fer, pendant la seconde moitié du XIXe siècle, de nombreux peintres viennent chercher l’inspiration dans les paysages du Parc, notamment ceux des Vaux de Cernay. Ils seraient plus de six cents à avoir délaissé leur atelier pour peindre directement en extérieur, sur le motif. À côté de peintres peu connus, on retrouve des noms illustres tels que Jean-Baptiste Corot, François-Louis Français, Émile Breton ou encore Léon-Germain Pelouse. Leurs oeuvres, représentant leur vision de la nature, ont contribué à conforter la peinture paysagiste et à faire connaître la vallée de Chevreuse.
Les personnalités
De nombreuses personnalités, connues aujourd’hui sur le plan national et international, ont vécu dans le territoire du Parc. Le vrai Cyrano de Bergerac, qui inspira E. Rostand, au château de Mauvières à Saint-Forget ; Jean Monnet,
père de l’Europe, à Bazoches-sur-Guyonne ; Fernand Léger, à Gif-sur-Yvette pour n’en citer que quelques-uns !
Les influences architecturales
Les styles architecturaux des châteaux
De l’époque médiévale, il subsiste encore des châteaux forts, tels que
la Madeleine à Chevreuse. À la fin du XVe siècle, suite aux guerres d’Italie, l’influence italienne se fait sentir dans la société française. On voit apparaître de nombreux châteaux Renaissance en Val de Loire et en Ile-de-France. La symétrie et la régularité sont recherchées, comme au château du Plessis-Mornay à Longvilliers, construit pendant la seconde moitié du XVIe siècle. Au XVIIe siècle, le style Louis XIII s’affirme. Il se caractérise notamment par le contraste des matériaux, brique, ardoise et pierre, à Breteuil, Dampierre, la Celle-les-Bordes ou encore aux Mesnuls. Pendant la seconde moitié du XVIIIe siècle, la redécouverte de Pompéi et d’Herculanum fait naître le néoclassicisme. On recherche l’harmonie des formes et des proportions, et on utilise des éléments antiques comme des frontons ou des colonnes. Les châteaux de Mauvières (Saint-Forget) et de Button (Gif-sur-Yvette) reprennent les canons de ce style architectural.
Les mairies-écoles
À partir du XIXe siècle, une série de lois encouragent la construction d’édifices scolaires et de mairies. Dans les petites communes, souvent, un même bâtiment sert à la fois d’école et de mairie. Le modèle le plus connu est celui d’un corps central, destiné à la mairie, flanqué de deux ailes accueillant l’école, l’une pour les filles, l’autre pour les garçons. L’ancienne mairie-école de Saint-Rémy-lès-Chevreuse, construite en 1880 par l’architecte Charles Brouty, est conforme à ce plan. Un autre plan, plus simple, est également fréquent, l’école se trouve dans une seule aile derrière la mairie, comme à Châteaufort (1866, architecte H. Blondel) et à Bullion (1865-1868, architecte Baurienne).
La diffusion de recueils d’architecture comme celui de César Pompée, Plans Modèles pour la construction de maisons d’écoles et de mairies, ou encore l’ouvrage de Félix Narjoux, L’architecture communale engendre une certaine uniformité, confortée par un petit nombre d’architectes qui ont réalisé souvent plusieurs édifices. D’autres éléments permettent de repérer facilement les mairies-écoles : symétrie et sobriété de la construction, porte-drapeau, horloge, clocheton qui prend parfois la forme d’un campanile…
Le style néo-normand
Le néo-régionalisme a vu le jour dans les années 1860 à Houlgate sous l’impulsion de l’architecte Jacques Baumier. Diffusé depuis les stations balnéaires, le style néo-normand se caractérise par des toits imbriqués, asymétriques débordants et à croupes, par de nombreux oriels (avancées en encorbellement aménagées sur une façade) mais aussi par des lucarnes, de faux pans de bois et de hautes cheminées de briques. On peut observer des villas de ce type au Mesnil-Saint-Denis dans le quartier de Henriville, à Poigny-la-Forêt, aux Mesnuls, ou encore à Gambaiseuil.
Le Modulor
Sur la commune de Saint-Forget se dresse une maison construite par l’architecte André Wogenscky : la villa Ducret. À Saint-Rémy-lès-Chevreuse, il édifie également sa maison et l’atelier de sa femme, la sculptrice Marta Pan. Ces deux maisons ont été bâties suivant les règles du « Modulor », principe conçu par Le Corbusier. Il s’agit de construire des habitations dont les mesures correspondent à des proportions du corps humain afin de créer un cadre de vie adapté à l’homme et dans lequel il se sent bien. Plusieurs habitations et habitats collectifs ont été construits suivant ce principe, tels la Maison Radieuse à Rezé (44) ou l’unité d’habitation de Firminy-Vert à Firminy (42).
Une architecture religieuse inattendue
Les Bois du Fay ont un petit air de Russie depuis qu’un Skit, monastère orthodoxe russe, y a été fondé en 1934. Il est construit dans un style byzantin reconnaissable grâce à ses bulbes colorés et à sa riche iconographie intérieure. Dans l’église en effet, on peut voir les nombreuses fresques et icônes peintes par le père Grégoire Krug (1908-1969). Le terme « skit » vient du mot « scété » qui désigne une partie du désert d’Egypte où Saint-Macaire créa, au IVe siècle, une première communauté de moines vivant en retrait.
Les modes de circulation
Les routes et chemins
Patrimoine historique, les routes et les chemins rythment le paysage, permettent de le traverser et de le comprendre.
C’est en 1918 qu’apparaissent les premières bornes d’angles Michelin à quatre faces. Elles prennent leur forme définitive en 1928. Constituées de plaques de lave émaillée fixées sur un support en béton armé, elles ont été produites jusqu’en 1971. Elles sont alors peu à peu remplacées par les panneaux que nous connaissons aujourd’hui.
Néanmoins, quelques-unes sont encore visibles dans certaines communes du Parc comme à Choisel, Bullion, Rochefort-en-Yvelines et Grosrouvre.
Les arbres-bornes
Autrefois utilisés pour marquer des limites de parcelles en forêts domaniales, ces arbres-bornes sont souvent très anciens. Ils ont été remplacés par de simples bornes en pierre. On peut encore trouver ces arbres, vestiges d’une pratique aujourd’hui révolue, dans nos forêts telle que la Madeleine.
Le chemin de fer
À partir de la seconde moitié du XIXe siècle, le chemin de fer apparaît dans la vallée de Chevreuse. La ligne de Sceaux, partant de Denfert-Rochereau, est inaugurée en 1846. Elle connaît plusieurs prolongements successifs jusqu’à Orsay en 1854 puis jusqu’à Limours via Saint-Rémy-lès-Chevreuse en 1867. Jusqu’en 1893, la ligne utilise un système innovant : le système Arnoux, qui permettait de réduire l’usure des rails et des roues ainsi que d’améliorer la vitesse du train, notamment dans les virages. La ligne va rencontrer un tel succès que certains dimanches, on doit refuser des voyageurs. Néanmoins, l’exploitation du tronçon entre Saint-Rémy-lès-Chevreuse et Limours, peu rentable faute d’avoir été électrifié, cesse en juin 1939. Ce tronçon pourrait devenir une voie verte. La création de ces voies engendre l’apparition de constructions spécifiques, gares, quartiers pavillonnaires, auberges qui modifient le territoire.
« Le système Decauville »
Au XIXe siècle, M. Decauville, invente un système de petits rails et de wagonnets pour transporter les marchandises. Ce système est utilisé dans la plupart des carrières du Parc. On peut encore trouver des traces de cette utilisation à Maincourt.
L’aérotrain
Dans les années 1960, Gometz-la-Ville voit apparaître une nouvelle technologie : l’aérotrain, une machine qui devait se déplacer sur coussin d’air. Une voie expérimentale est construite en 1965. Le premier essai a lieu le 29 décembre 1965. Le projet est abandonné en 1978, faute de débouchés. On peut encore découvrir la piste d’essai entre Gometzla- Ville et Limours.
L’aviation
La vallée de Chevreuse fait figure de pionnière dans le domaine de l’aviation. Dès le début du XXe siècle se développent les premiers aérodromes. En 1909, Gabriel Borel installe un terrain d’aviation à Châteaufort. C’est de cette piste qu’Adolphe Pégoud effectue, en 1913, l’un des premiers sauts en parachute d’un avion en vol et l’un des premiers vols sur le dos et looping au-dessus de Buc, donnant ainsi naissance à la voltige aérienne. Châteaufort a connu d’autres noms illustres : Lucien Coupet, dans les années 1920 et Robert Buisson, en 1973, qui réalise le premier vol du prototype « Cricri», l’un des plus petits bimoteurs du monde. La propriété de la Butte aux Chênes à Magny-les-Hameaux a accueilli la famille Farman. Les frères Farman ont aménagé un atelier afin de concevoir des prototypes, ainsi qu’un hangar pour accueillir les Goliath, bombardiers fabriqués pour la Première Guerre mondiale.