Mis à jour le 5 septembre 2022
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Changement climatique : les fruitiers impactés

Face aux changements climatiques, nos pommiers, poiriers ou pruniers peuvent avoir du mal à s'adapter. Nous pouvons les aider, et les scientifiques les examinent sous toutes les branches.

Fabien Vassout est dans ses pommes. II produit des fruits sur 25 hectares à Gambais, et est dans le rush de la fin de saison. "Mais la récolte 2019 est moyenne. Comme le début d'année a été très doux, certains arbres ont fleuri dès le mois de février. Pour eux, les gelées du printemps ont été fatales et j'ai eu beaucoup de pertes. Ces cinq dernières années, nous avons souffert à trois reprises du phénomène ..." Les épisodes de canicule cet été, accompagnés de la sécheresse, ont aussi freiné la croissance de ses pommes et poires, qui sont cette année bien menues mais goûteuses.

 

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Arbres fruitiers
Apprendre aux arbres à résister

"Le changement climatique pose surtout trois problèmes majeurs pour les arbres fruitiers," explique Elisabeth Dirlewanger, directrice de recherche à l'unité Biologie du fruit et pathologie à l'Institut national de recherche agronomique (INRA). « Les épisodes pluvieux plus intenses au printemps font éclater les fruits. Les sécheresses entrainent des chutes de fruits et une réduction de leur calibre. » Surtout, « l'élévation des températures fait avancer les dates de floraison pour la plupart des espèces ». En trente ans, pommier et cerisier ont par exemple 'gagné' 8 à 10jours.

Quelle conséquence de cette petite avance ? face au radoucissement, les arbres d'une même espèce n'ont pas tous la même réaction : certains seront en fleurs plus tôt que d'autres. Résultat : ceux ayant besoin d'un congénère fleuri pour se polliniser n'en trouvent pas forcement à proximité, au moment clé de la pollinisation. Dans ce cas, pas de fruit... Autres impacts des aléas météo : la formation de fruits doubles, non commercialisables, ou encore une sensibilité accrue aux parasites et aux maladies.

S’équiper et faire des mélanges

Alors, que faire? La recherche explore la piste de la sélection génétique : croiser des variétés pour créer des hybrides "résilients », plus résistants. « L'objectif est d'obtenir des arbres ayant de faibles besoins en froid et de forts besoins en chaud, détaille José Quero-Garcia de l’INRA. Nous espérons constituer un catalogue de variétés adaptées aux différentes régions du monde et aux différents climats. Cela va nous demander encore quelques années. »

En attendant, arboriculteurs et jardiniers peuvent déjà adapter leurs pratiques. En posant des paillages pour réduire le besoin d'arrosage, « tout en veillant à laisser la terre dégagée sur 20 cm autour du tronc afin d'éviter la pourriture », conseille le jardinier-paysagiste Jean-Marc Tuypens. « Dès que l'on peut, il faut surtout installer des réserves d'eau et si possible, un système d'irrigation de précision. Même pour un grand verger, le goutte-à-goutte ne consomme presque rien! » Pensez aussi à l'Oya cette poterie enterrée poreuse qui libère l'eau par capillarité de façon continue.

Pour se protéger des attaques des insectes et de la pluie, on peut poser des filets et des bâches anti-pluie. « Des équipements coûteux, note Elisabeth Dirlewanger, mais très efficaces et qui vont devenir essentiels aux producteurs dans certaines zones comme le nord de l'Europe. »

Vous avez un projet de plantation? « La stratégie que nous préconisons est celle de la diversité, souligne Alexandre Mari, chargé de mission Agriculture durable au Parc. Opter pour une grande variété d'essences permet d'avoir un maximum de résilience : plus on a d'arbres différents, plus on a de chances que les dégâts restent circonscrits à un petit périmètre. » Bienvenue, donc, au figuier au milieu des pommiers ou aux cerisiers près du framboisier!

Quelles que soient vos préférences, plantez, partout où vous pouvez, y compris en ville : les arbres sont aussi de précieux lieux de vie pour les oiseaux et les insectes, et d'inestimables stockeurs de gaz à effet de serre. D'ailleurs, de plus en plus de communes plantent désormais dans les espaces publics des arbres fruitiers et offrent ainsi une ressource alimentaire pour la faune ... et les passants.

 

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Arbres fruitiers
Les producteurs locaux

Notre territoire est peuplé d'un méli-mélo de prunes, pommes, poires, cerises, petits fruits (framboises, fraises, groseille …), rhubarbe, mais aussi cognassiers, noyers, noisetiers, châtaigniers ou figuiers. Côté pro, cinq entreprises se dédient à l'arboriculture fruitière, dont certaines pour la préparation de confiture et de jus : Lallaouret Frères (Le Tremblay-sur-Mauldre), Fabien Vassout (Gambais), Claude Jouany (Jouars-Pontchartrain) et, depuis peu, la ferme Louareux (Sonchamp) et celle des Clos (Bonnelles).

Article de Cécile Couturier, extrait de l’Echo du Parc n°82 (octobre 2019)

 

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