Le Président du Muséum national d’histoire naturelle, Bruno David nous engage à l’optimisme ! Certes autour de nous, le déclin de la biodiversité est une réalité observée par tous les scientifiques. Les espèces vivantes, végétales comme animales, sont en forte diminution, que ce soit en diversité et en quantité et c’est une menace pour l’ensemble du monde vivant dont nous faisons partie. La bonne nouvelle en revanche, c’est que lorsqu’on lui redonne un peu d’espace, « la nature revient toute seule, très vite ! » souligne le scientifique. Si demain vous laissez chez vous des petits espaces sauvages, cela aura aussitôt un impact ultra-positif pour l’environnement. La nature a des capacités de réparation incroyables. Le résultat est visible et rapide. » Alors, on s’y met tous ?
La vie aime la diversité
Si vous voulez accueillir la nature ordinaire et faire votre part pour aider la biodiversité à résister, « lancez-vous sans hésiter car il n’y a rien de très technique à faire ou à connaître », précise François Hardy, chargé de mission nature-environnement du Parc. Pas besoin d’être un spécialiste, ni de devoir renoncer à votre jardin d’agrément. Il suffit de partager un peu l’espace. Les êtres vivants ne demandent pas grand-chose, si ce n’est des endroits accueillants pour eux : « Si le milieu leur convient, qu’ils y trouvent un abri et de la nourriture, plantes et animaux viennent tout seuls et se débrouillent très bien sans nous ! »
Commencez par prendre le temps d’observer, de regarder les lieux en réfléchissant à vos usages : « De quoi ai-je besoin ou envie, dans mon jardin, dans ma cour ? » Ici, un espace en herbe pour que les enfants s’ébattent, là un potager ; plus loin un coin détente sous le pommier, ou simplement un havre de sérénité ? Ainsi, on peut délimiter l’espace dédié à chaque activité. Les zones qui restent, vous pouvez les dédier encore plus à la biodiversité. « Dans le milieu naturel, on trouve de tout : arbres, arbustes, herbes, zones humides et sèches, cavités, ombre, lumière, plats, pentes… Dans votre jardin, imitez la nature et diversifiez les espaces. Plus on aura des milieux différents, plus les espèces diversifiées seront nombreuses à s’installer. »
Concrètement, vous pouvez réaliser des micro-reliefs : creux et bosses, de toutes formes et tailles, vont faire le bonheur de nombreuses espèces. On peut aussi faire un petit tas de grosses pierres, de sable ou de bois, laisser une souche, du bois mort… « Même une tuile posée par terre, c’est bénéfique ! Elle fera un habitat pour la petite faune : insectes, crapaud, orvet, mollusques…».
Et après, on fait quoi ? Pas grand-chose : l’idée est de s’astreindre à… ne rien faire. Ne pas couper, ne pas bouger la tuile ou le tas de bois. Laissez ces réservoirs de nature en libre évolution : au fil des saisons, ils vont se muer en niches écologiques où chacun trouve sa place.
Dans votre pelouse, laissez par endroits des surfaces d’herbe non tondue (le plus possible selon votre espace et vos besoins réels). Au fil du temps, ce sera la cohue : graminées diverses, fleurs sauvages, oiseaux, amphibiens, grillons, criquets et sauterelles, coléoptères, papillons, en pagaille… Et vous aurez tout le loisir de vous délecter du spectacle puisque vous aurez moins de tonte à faire ! De plus, le sol ainsi protégé par la végétation haute restera frais à la base et moins sensible aux fortes chaleurs, contrairement à un gazon ras.
Petits espaces en libre évolution
Si vous avez davantage de place, plantez deux ou trois arbres et créez un bosquet. Une ancienne mare rebouchée peut être recreusée et ses abords éclaircis pour ramener la lumière… vous pouvez également en creuser une toute neuve. Rapidement, plantes d’eau, demoiselles et libellules vont s’y installer, mais aussi grenouilles, crapauds, tritons, et autres insectes aquatiques inoffensifs !
Et bien sûr, pour un jardin vivant, l’abandon des pesticides et engrais de synthèse dans l’ensemble du jardin est de rigueur, ce qui est grandement facilité depuis l’interdiction en janvier 2021 de la vente aux particuliers de tout produit phytosanitaire chimique ! Mais attention, même « non chimique » ou « bio », un produit sanitaire tue quand même la vie, et notre biodiversité !
Dans les espaces verts publics, les communes peuvent bien sûr appliquer ces principes, mais elles peuvent aller beaucoup plus loin. Si une mairie souhaite préserver un site qui ne bénéficie pas d’un statut de protection réglementaire, elle peut prendre un arrêté municipal pour le déclarer « Espace naturel protégé », et ainsi en encadrer l’accès, la circulation, la gestion… Châteaufort l’a fait en 2017 pour le Domaine d’Ors, et Bullion tout récemment pour le site Les Cressonnières.
« Les mairies peuvent aussi commencer par recenser leurs espaces naturels communaux, explique François Hardy. On pourra ensuite, ensemble, identifier ceux propices à une gestion spécifique. »
Les cheminements publics offrent une belle ressource : dans les espaces interstitiels entre routes et murs, la végétation spontanée s’insinue. Mis bout à bout, ils offrent ainsi des couloirs de nature de plusieurs kilomètres ! Enfin, il y a l’outil foncier, utilisé par Jouars-Pontchartrain qui vient d’acheter le Bois de Bienval (8 hectares altérés par la pratique Trial/Dirt VTT). Mais le champ des possibles est beaucoup plus vaste : « S’il y a une volonté, n’importe quel espace peut devenir un réservoir de nature. Même un ancien parking : sous le bitume et le remblai, on retrouve le sol naturel où des graines peuvent subsister et germer à la lumière retrouvée ! »
Nous avons un rôle à jouer
Nous sommes dans une crise climatique et d’effondrement de la biodiversité sans précédent. Il est bien sûr indispensable que des mesures soient prises au niveau global pour enrayer cette menace. Mais chacun d’entre nous peut aussi agir à son niveau, chez lui, à son travail, dans sa commune. Chacun des gestes additionnés, aussi petits soient-il, feront ensemble la différence. Nous pouvons tous agir, tout de suite et encourager notre entourage à faire de même !
Que fait le Parc ?
Que vous soyez habitant, employé communal, élu ou paysagiste, les techniciens nature/environnement du Parc peuvent vous conseiller pour toute question relative à la protection de la biodiversité, aux aménagements favorables à la nature.
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