Mis à jour le 20 juillet 2022
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Observatoire du Climat

Grâce au travail minutieux d’une étudiante en botanique et de la Mission Nature et Environnement, le Parc dispose d’un inventaire détaillé de 16 espèces de plantes qui serviront désormais d’indicateurs du changement climatique.

De précieux indicateurs du changement climatique

L’idée d’un observatoire a vu le jour il y a près de dix ans au sein du conseil scientifique du Parc. C’est le botaniste Gérard Arnal, alors au Conservatoire botanique national du bassin parisien, qui en est à l’initiative. Mais « il aura fallu le temps de la décision, explique le chercheur. Et aussi trouver la perle rare qui convenait pour lancer le projet » : un étudiant ayant de bonnes connaissances scientifiques en botanique et dans le même temps une expérience de terrain. « Ce qui ne s’apprend pas à l’université mais uniquement lors de stages hors cursus que certains étudiants prennent l’initiative de suivre », précise Gérard Arnal.

La perle rare, Alexandra Potier, étudiante en master de l’Université de Brest occidentale, a intégré pendant 6 mois la Mission Nature et Environnement du PNR, encadrée par Olivier Marchal, en charge du projet. Sa mission : réaliser cet observatoire en partenariat avec le Conservatoire botanique national du bassin parisien. Son travail a consisté tout d’abord à sélectionner les plantes parmi les 48 espèces montagnardes supposées se trouver sur le territoire du Parc. Exit les espèces qui n’ont pas été observées depuis 1980, sans doute éteintes en Île-de-France. De même, les espèces déjà suivies par l’ONF (Office National des Forêts) ou celles dont la détermination est trop délicate n’ont pas été retenues. Au final, la liste comporte 16 espèces heureuses élues.

 

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Les sentinelles du climat

Il fallait alors encore choisir les stations d’observation, c’est-à-dire les lieux où se trouvaient les plantes et qui feraient l’objet d’un attentif suivi. Alexandra Potier a dû consulter les inventaires existants de l’ONF, du Conservatoire ou du Parc. Bilan : pas moins de 299 stations connues. « Mais il y avait des données très anciennes, explique la jeune chercheuse. D’autres stations étaient parfois mal localisées, ou seul un lieu dit voire le nom de la commune était précisé. » Impossible alors de retrouver l’endroit où se trouvent les plantes. Parfois celles-ci ont tout simplement été détruites par la construction d’un lotissement. D’autres fois, c’était le propriétaire de la parcelle qui en refusait l’accès. « Il fallait par ailleurs écarter les lieux où d’autres facteurs que le climat pouvaient avoir un impact important sur la plante, comme la pollution », ajoute la botaniste.

Les plantes pourront-elles s’adapter au changement climatique ?

C’est pour répondre à cette question que le Parc a décidé de créer un observatoire en s’intéressant aux plantes les plus susceptibles de réagir rapidement à l’évolution du climat, des plantes qualifiées de sub-montagnardes. Elles vivent en principe dans les régions de moyenne montagne à 800 m d’altitude, mais certaines d’entre elles ont trouvé refuge dans les plaines et sur le territoire du Parc. Elles y occupent des ravins exposés au nord, de petites dépressions, des vallons tourbeux qui offrent des conditions climatiques froides comparables à celles des montagnes. Ce sont des reliques glaciaires : elles sont arrivées, il y a plusieurs dizaines de milliers d’années, lors de la dernière période glaciaire et sont parvenues à se maintenir dans leur refuge écologique lorsque le climat s’est réchauffé. Leur situation est cependant très précaire, car il leur faut des conditions de températures et d’humidités particulières hors desquelles il leur sera extrêmement difficile de subsister.

Captives de leur niche écologique, elles ne pourront pas migrer vers le nord ou en altitude avec l’augmentation des températures. Ces espèces montagnardes devront donc s’adapter aux nouvelles
conditions... ou disparaître.

 

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Parnassie des Marais

  Au final, ce sont 52 stations qui sont choisies. Inlassablement, de mars à septembre 2015, Alexandra Potier a arpenté le Parc et inspecté minutieusement chacun des lieux sélectionnés pour y observer les plantes au moment de leur floraison. Au total, pas moins de 2015 stations ont pu être décrites, et au final, ce sont 52 stations qui sont choisies pour intégrer l’observatoire. « Un gros travail qui demande beaucoup de temps », commente avec admiration Gérard Arnal. « Si la station était petite, je comptais le nombre de pieds, parfois deux fois pour être certaine, décrit Alexandra. Quand la station était grande, c’était le pourcen- tage de la surface occupée par l’espèce qui était mesuré. » Pour chaque lieu d’observation, l’étudiante a fait également un relevé botanique précis en décrivant le cortège de plantes qui accompagnent l’espèce suivie. C’est une véritable photographie détaillée qui permettra à un autre botaniste de revenir sur les mêmes lieux plus tard, pour refaire un inventaire. Ainsi, il sera possible de connaître l’évolution de l’espèce et des autres plantes qui l’accompagnent. Ce travail devrait être effectué en principe, dans cinq ans, puis dans dix ans.

Un recensement minutieux

Dans un premier temps, en se basant sur l’historique déjà constitué des stations, Alexandra Potier en a déjà conclu que toutes les espèces suivies régressent avec plus ou moins de gravité. Qu’en sera-t-il dans cinq ans ? La COP21 qui
s’est tenue à Paris dernièrement nous laisse présager un avenir climatique bien sombre puisque les engagements de réduction d’émissions de CO2 pris par les pays participants font craindre une augmentation encore trop élevée de la température moyenne mondiale d’ici la fin du siècle. Une augmentation bien trop grande, en un temps bien trop court, pour que les espèces de l’observatoire parviennent à s’adapter et à se maintenir. Mais ces sentinelles du climat feront désormais partie des nombreux signaux d’alerte climatique.

Si les États se retrouvent en 2020 pour négocier de nouveaux engagements, l’observatoire servira alors peut-être non seulement les intérêts scientifiques mais contribuera à renforcer les arguments politiques pour intensifier l’effort contre  le  changement climatique/

Article de Pierre LEFEVRE, Echo du Parc n°69

Voir le reportage de TVFIL78 sur ce sujet
 
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