Les inventaires ont révélé la disparition probable de l’espèce sur notre territoire. Assez peu mobile et évitant les zones forestières, les derniers noyaux sur ces 21 communes se sont vraisemblablement éteints faute d’échanges suffisants entre individus et d’apport extérieur de nouveaux reproducteurs.
Un diagnostic du territoire a mis en évidence que les trois causes majeures de raréfaction de la Chevêche en Vallée de Chevreuse sont :
- la raréfaction des vieux arbres offrant des cavités servant à la nidification,
- les collisions dues au trafic routier,
- la diminution de ses terrains de chasse (vergers, prairies avec des haies).
Dès 1995, un programme de pose de nichoirs a donc été entrepris avec l’aide des agriculteurs et des propriétaires terriens. Il a fallu attendre 1999 pour voir un premier nichoir occupé sur Auffargis. L’effectif nicheur s’est progressivement étoffé et stabilisé autour de 5 à 6 couples en 2010 répartis entre les communes d’Auffargis et de Bullion. Ce noyau de population apparait cependant isolé des autres populations locales et reste très fragile pour le moment.
Avec l’élargissement du périmètre du PNR un nouvel état des lieux a été réalisé en 2008. La méthode d’inventaire employée (technique de la repasse) consiste à parcourir les milieux favorables pendant la période nuptiale en diffusant une bande sonore de la vocalise de l’oiseau. Les mâles cantonnés réagissent alors vivement à la présence d’un congénère potentiel en émettant en retour un chant territorial. Pour chaque point d’inventaire deux passages sont réalisés à 3 semaines d’intervalles. On estime par cette méthode pouvoir mettre en évidence environ 80% des mâles chanteurs présents. L’ensemble du territoire du Parc a ainsi était finement quadrillé avec pas moins de 550 points d’inventaire (0,6 pt d’écoute/km2 et 7pts d’écoute/commune en moyenne). Le bilan 2008 fait état de 25 territoires occupés par l’espèce répartis sur 12 communes. Il s’agit majoritairement de couples isolés dispersés sur le territoire hormis à Gambais et Fontenay-les-Briis qui hébergent respectivement 10 et 5 territoires. Les milieux occupés par l’espèce correspondent soit à des pâturages dans les vallées, parfois encore parsemées de vieux saules « têtards » comme à Gambais, où à de petits vergers maintenus aux abords des fermes sur les plateaux agricoles.
En Ile-de-France, la Chevêche est étroitement associée aux zones ouvertes de prairies où elle chasse micromammifères et insectes. Même si son domaine vital peut-être très restreint en surface (30 hectares en moyenne), elle requiert une mosaïque de milieux dont la structure et l’organisation lui permettent d’assurer sa subsistance. Du fait de cet ensemble d’exigences écologiques, elle constitue un excellent indicateur de l’évolution des zones rurales et a été retenue comme « espèce indicatrice » de la Trame Verte en Ile-de-France. A ce titre, un suivi des populations de Chevêche sur le territoire du Parc a été initié afin de pouvoir renforcer les mesures de préservation autour des sites de nidification d’une part, et d’autre part d’identifier les principales liaisons biologiques encore fonctionnelles permettant d’assurer les échanges entre les différents noyaux (zones relais).
Ce suivi annuel est basé à la fois sur :
- un suivi de tous les territoires occupés par repasse en période nuptiale ;
- un contrôle de la nidification en nichoirs au printemps ;
- un suivi des déplacements par baguage des nichées.
Suivi des territoires occupés
Depuis 2008 le PNR coordonne sur son périmètre le suivi par repasse des territoires occupés avec l’aide des associations locales Atena 78, Bonnelles Nature, Cerf et Natur’Essonne. Entre 2008 et 2013, le nombre de territoires occupés par la Chevêche varie de 15 à 25 sites (moyenne de 18) et concerne 14 communes. Cette variation est imputable à un certain « turn over » entre les sites, lié au fait que les mâles non cantonnés se déplacent en quête d’une partenaire. En 2013, la commune de Gambais n’a pas pu être suivie dans son intégralité ce qui s’est traduit par une baisse sensible des sites occupés cette année-là.
A partir de cette base d’inventaire on peut vraisemblablement estimer qu’actuellement l’effectif nicheur sur notre territoire (qui inclut les sites de nidification en cavités naturelles) est compris entre 20 et 25 couples. Seuls deux noyaux de populations apparaissent actuellement fonctionnels en vallée de la Vesgre (Gambais) et dans l’Essonne (Fontenay-les-Briis, Courson-Monteloup) et ils sont encore entourés d’autres couples nicheurs sur les communes limitrophes au PNR. Mais les échanges génétiques entre ces deux noyaux « sources » ne peuvent se faire que par l’intermédiaire des couples présents dans le cœur du territoire du Parc qu’il convient donc de préserver.
Suivi de la nidification dans les nichoirs du PNR et des associations locales
Le contrôle des nichoirs est réalisé chaque printemps en période de nidification (mai/juin). Il permet d’attester la présence d’un couple nicheur sur un site et d’évaluer le succès réel de la nidification. En 2013, l’effectif nicheur en nichoirs sur le territoire du PNR est de 15 couples. On constate une augmentation encourageante (+150 %) du nombre de couples nicheurs depuis 2008, année de référence avec l’élargissement du périmètre d’intervention. Cette amélioration est principalement à mettre au bénéfice de la pose de nichoirs rapidement occupés par la Chevêche sur la commune de Gambais (+ 4 couples sur la période considérée).
Le renforcement des populations locales semble donc en bonne voie d’autant que de nouveaux secteurs occupés par la Chevêche vont être équipés prochainement de nichoirs (Les Bréviaires, Galluis, Grosrouvre, Mareil-le-Guyon) même si les effectifs restent fragiles et exposés aux aléas climatiques (hivers rigoureux) pouvant fortement limiter le renouvellement de la population locale.
Suivi de la population faisant appel au baguage
Cette action s’inscrit dans le cadre d’un programme d’étude plus large de « Suivi de la population et de la reproduction de la Chevêche d’Athena dans les Yvelines et l’Essonne » coordonné par David Sève sous la direction scientifique du Centre de recherches sur la biologie des populations d’oiseaux (CRBPO/MNHN/CNRS). Ce programme vient d’être élaboré en 2013 en partenariat avec les associations Atena78 et Natur’Essonne et sera initié sur le terrain dès la prochaine saison de reproduction (deux agents du Parc doivent obtenir la qualification nécessaire pour le baguage des oiseaux). Cette étude couvrira une période de 10 années consécutives pendant laquelle tous les oiseaux reproducteurs en nichoirs seront équipés à la fois d’une bague métal d’identification du muséum et d’une bague RFID (transpondeurs) permettant de récolter des données plus précises sur les mouvements des oiseaux entre les nichoirs.
En complément du baguage, une étude génétique (par prélèvements de plumes) et une compilation des données biométriques permettront d’élargir ce programme de recherche et apporteront d’autres informations utiles à la conservation de l’espèce en Ile-de-France.