Mis à jour le 27 septembre 2022
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Inondations 2016 : Agir pour prévenir

Voilà déjà un an que de spectaculaires inondations touchaient le territoire du Parc. Quel bilan aujourd’hui et quelles pistes pour limiter leurs impacts ?

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31 mai 2016. « Saint-Rémy-les-Chevreuses panse ses plaies » titrait le Parisien. « la vallée de Chevreuse ravagée par les inondations » renchérissait 78 actu. Heureusement, aucune victime n’est à déplorer. Si l’événement a sans doute durablement marqué les mémoires locales, était-il pourtant aussi exceptionnel et tragique par son ampleur et ses conséquences ?
C’est pour répondre à ces questions que le Parc a entrepris d’en faire le bilan et de revenir sur les causes de ces inondations. Premier constat : Oui, 2016 a bien été localement une année météorologique exceptionnelle. Non pas que le niveau moyen des pluies tout au long de l’année ait été supérieure à la normale. Mais les saisons ont été particulièrement contrastées. La météo du printemps a ainsi été désastreuse. « De tous les mois de mai, celui de 2016 a été le plus pluvieux depuis la création des suivis météorologiques dans la région au début du XXe siècle, précise Karine Lefebvre, chargée d’études hydrologie au Parc. Il s’approche du record de pluie absolu sur l’année détenu dans le secteur par le mois de décembre 1999 ! »
Six jours de crues
 
Résultat : le 30 mai, les sols sont déjà saturés d’eau lorsque la pluie se déverse massivement sur le territoire du Parc pendant 36 heures d’affilées, à un niveau quatre fois supérieur aux moyennes connues des grosses précipitations. Un tel événement n’est toutefois pas si rare, puisqu’il survient en moyenne tous les dix à vingt ans. Mais c’est bien le cumul des pluies depuis le début du mois de mai qui provoque une crue qui va durer 6 jours.
Le relief accidenté des étroites vallées du Parc, particulièrement celle de l’Yvette, avec des flancs abruptes rend très vite la situation délicate. Il accélère l’écoulement des eaux jusqu’aux rivières. Leur niveau s’élève rapidement : en moins de douze heures, il atteint son maximum !
Et certaines rivières sortent de leur lit par endroits. Elles transforment les prairies en lac le temps d’une journée, passent par-dessus les ponts, submergent les jardins potagers, s’accumulent sur les chaussées dans les centres-villes. Les murs de fond jardin créent une barrière dérisoire face au débordement de la rivière, mais en revanche, ils empêchent l’eau ensuite de s’évacuer quand les eaux baissent. Enfin, la pluie emporte avec elle dans les rivières des polluants venus d’une multitude de sources.
 
C’est grâce à onze stations de mesure de hauteur de rivière et six stations météo bénévoles mises en place pour comprendre la dynamique des rivières du Parc tout au long de l’année que l’historique de la crue est reconstituée a posteriori. Le bilan est réalisé également à l’aide des deux mille photos envoyées par des particuliers au Parc. En y identifiant des points de repères, elles permettent de localiser précisément les zones inondées à 10 centimètres près dans les zones urbaines et de façon plus approximative sur les terres agricoles pour lesquelles les photos sont moins nombreuses.
 
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Inondations
1 % du Parc inondé
 
Au final, seul 1 % du territoire du Parc a été inondé avec des hauteurs d’eau allant de quelques dizaines de centimètres à un mètre cinquante et un tiers de ces inondations ont concerné des zones urbaines. « Les zones forestières et agricoles sont cependant sous-estimées par manque de photos » précise Karine Lefebvre. L’Yvette est la plus touchée des cinq principales rivières du Parc. Sur les 51 communes du Parc, 26 ont été classées en catastrophe naturelle. « Ce bilan doit nous permettre de réfléchir aux actions à réaliser pour limiter globalement les inondations et la vulnérabilité des zones touchées » explique la chargée d’études.
Car la séquence météorologie exceptionnelle n’est pas seule en cause dans les inondations. Si ces dernières sont très localisées, elles sont en revanche le résultat de facteurs qui engagent tout le territoire du Parc. L’imperméabilisation croissante des surfaces avec l’urbanisation et la construction de chaussées a aggravé les inondations. De même, la simplification des paysages agricoles avec des parcelles plus importantes et moins de haies a accéléré le ruissellement de l’eau de pluie vers les rivières.
Enfin les fossés drainants agricoles et les canalisations des réseaux urbains de collecte d’eaux pluviales ont favorisé également une vitesse d’écoulement plus rapide en concentrant et en canalisant les eaux. De multiples solutions existent pour qu’une telle inondation ne se renouvelle pas ou qu’elle ait moins d’impact. Trois mots d’ordre : limiter et ralentir les écoulements, stocker l’eau, et permettre à la rivière de sortir de son lit dans les zones les moins vulnérables.
Le Parc restaure ainsi les prairies et les zones humides qui sont autant de lieux possibles d’expansion pour la crue. Quand le renouvellement de la chaussée s’impose, il faut privilégier des revêtements perméables. Les fossés agricoles peuvent être équipés de petits barrages (des redents) pour ralentir l’écoulement de l’eau. Les réseaux de mares et d’étangs doivent être maintenus ou restaurés, car ils constituent autant de possibilités de stockage supplémentaire. Ce ne sont que quelques exemples qui incitent à poursuivre la réflexion et à agir. D’autant qu’avec le changement climatique, cette année météorologique atypique pourrait survenir plus fréquemment.
 
Article de Pierre Lefèvre pour l'Echo du Parc n°75 (juillet 2017)
 
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