Article de Sophie Martineaud pour l'Echo du Parc n°80 (mai 2019)
Ici un vieux mur, là une bâtisse du 19ème siècle, un peu plus loin une croix de chemin ou une belle grange ... On ne les remarque pas toujours et ils ne sont pas non plus classés monuments historiques, mais pourtant ces éléments du patrimoine donnent leur caractère rural et leur charme aux villages du Parc. Ils racontent les modes de vie et les usages d'antan, les matériaux locaux et les techniques de construction utilisées.
Les identifier, les connaître permet à chacun de partager un héritage local, de s'y attacher et de le préserver. Mais rien à voir avec une forme de nostalgie du passé ! Si le Parc incite à garder les témoins de l'histoire, c'est bien pour éviter la banalisation et l'uniformisation des paysages mais aussi pour qu'ils soient sources d'inspiration pour de nouveaux projets.
La connaissance, la préservation et la valorisation de cet héritage précieux fait partie des objectifs du Parc inscrits dans sa Charte. C'est pourquoi, la mission Patrimoine-Culture a entamé un programme d'inventaires méthodiques qui couvrira à terme l'ensemble des communes du Parc. La méthode appliquée dans les villages du Parc est celle qu'André Malraux a inventé pour les services de l'inventaire.
Etudier et caractériser
"Il s'agit essentiellement d'identifier les bâtiments d'intérêt et de définir leurs caractéristiques à préserver" précise Amandine Robinet, chargée d'étude Patrimoine Culture. La recherche historique et l'analyse des archives est la première étape nécessaire pour interpréter le bâti ancien ."Nous faisons ensuite des repérages de terrain, pour identifier les bâtiments toujours existants et bien conservés". Parfois une rencontre avec les occupants des lieux permet de mieux appréhender les bâtiments depuis l'intérieur de la propriété, notamment dans le cas des fermes organisées autour d'une cour.
S'appuyer sur le passé pour imaginer le futur
Pour chaque édifice retenu, une fiche d'inventaire rassemble éléments historiques et architecturaux. Les informations sont retranscrites dans une base de données, dont la synthèse est remise à chaque commune, et sera à terme mise en ligne sur le site du Parc.
Toutes ces données collectées sont aussi précieuses pour les projets d'aménagements des communes. Cela permet d'inscrire les évolutions des villages dans une continuité, sans faire table rase du passé ! Les documents d'urbanisme des communes intègrent d'ailleurs souvent les repérages effectués et définissent parfois des règlements précis pour protéger les édifices et cadrer les évolutions.
L'inventaire thématique spécifique sur les fermes a quant à lui permis au Parc d'être un référent pour accompagner les reconversions de ces ensembles. II a été l'occasion de les faire émerger comme un patrimoine en soi en les caractérisant : chacun des bâtiments organisés autour d'une cour avaient une fonction. La variété de leurs formes, de leurs volumes, de leurs ouvertures en témoigne. l'idéal c'est de garder cette diversité, tout en imaginant de nouveaux usages.
Souvent l'inventaire met aussi en lumière la nécessité de réaliser des travaux de restauration. Le Parc apporte alors conseil et accompagnement technique pour définir les travaux, el éventuellement une aide financière.
Inscrire ces traces passées et cette histoire dans le présent et les transmettre aux habitants est aussi une ambition forte du Parc pour qu'il devienne un héritage partagé.
Une héritage en partage
Les inventaires suscitent souvent un engouement des populations. Les différentes conférences organisées à l'occasion de l'inventaire en cours sur les moulins à eau font salle comble : comprendre comment fonctionnaient ces usines, leur place dans la société et le paysage, rêver autour de la figure controversée du meunier mobilise.
Avec la commune d'Hermeray, lors des Journées du Patrimoine 2018, le Parc a organisé un rallye ludique grâce aux données récoltées. "Cette animation a permis aux habitants d'appréhender leur patrimoine de manière très vivante", résume Frédéric Doubroff, 1er adjoint en charge de l'urbanisme, "une vraie découverte pour toutes les générations". Aujourd'hui, l'étude vit à travers un projet pédagogique associant le Parc et l'école. A Gometz, un grand circuit à vélo a emmené les habitants et les visiteurs de fermes en fermes, à la rencontre de l'histoire, de l'architecture et des exploitants actuels.
Ainsi tout est possible : selon les opportunités ou les choix des communes ou des partenaires, l'inventaire peut générer des expositions, des visites commentées, des éditions voire des projets artistiques ou toute autre idée.