Si vous trouvez que les villages du Parc ont du caractère, ce n’est pas un hasard, les chiffres vous donnent raison. Plus de 1 900 constructions d’intérêt patrimonial ont déjà été recensées lors des inventaires de la mission Patrimoine Culture : environ 800 éléments d’architecture rurale et agricole, 200 maisons de bourg et plus de 600 demeures bourgeoises constituent ce patrimoine assez exceptionnel. Ils viennent s’ajouter aux nombreux monuments classés ou inscrits, comme les châteaux et les édifices religieux.
État des lieux du patrimoine local
Comment se définit l’intérêt patrimonial d’une construction ? Les historiens de l’architecture évaluent à la fois l’ancienneté d’une bâtisse, la qualité de la construction, son rapport à l’histoire locale ou nationale, mais aussi et surtout la lisibilité d’anciens usages, de systèmes constructifs disparus, ou d’identités sociales. Cet héritage est pourtant fragilisé : la pression foncière de notre territoire péri-urbain aux portes de l’agglomération parisienne est très forte. Les habitations, même modestes ou en mauvais état trouvent preneurs et sont parfois réaménagées pour suivre les évolutions des besoins résidentiels. C’est là que parfois, on observe de mauvaises pratiques de rénovation. Certains travaux vont faire disparaître les caractéristiques du bâti traditionnel local au profit d’une banalisation de l’architecture sous l’influence de modèles urbains.
Pour éviter des choix de rénovation qui feraient perdre son caractère patrimonial à une maison, il y a une règle simple à adopter qui respecte le bâti et de ne le dénature pas : l’intervention minimale.
Premier réflexe d’une restauration réussie, conserver les matériaux traditionnels. Maçonneries en moellons de meulière enduits à la chaux, parfois renforcées par du grès, menuiseries en bois, toitures en tuile plate ou mécanique, tous ces matériaux longtemps extraits sur place sont liés à la géologie locale, à la nature des sols, et participent à l’harmonie paysagère des villages, autant qu’au bon état sanitaire du bâtiment. Murs épais et enduits respirants vont à la fois réussir à isoler la maison, tout en laissant l’humidité intérieure s’évacuer.
Deuxième bon réflexe : conserver les volumes, respecter les pentes de toit, éviter les surélévations qui modifient les proportions. Si vous avez besoin de gagner des mètres carrés habitables, préférer plutôt les extensions avec un traitement différent (bardage bois par exemple). Le contraste net entre l’ancien et l’extension contemporaine sera plus harmonieux qu’une tentative d’imitation de l’ancien.
Dernier réflexe essentiel, conserver les ouvertures existantes, leurs gabarits, leurs variétés et en créer le moins possible. Et si votre projet nécessite des ouvertures supplémentaires, inspirez-vous des ouvertures existantes et de leur disposition.
RESTAURATIONS RÉUSSIES
Cette maison bourgeoise du 19e siècle
a conservé les différents matériaux
caractéristiques du style villégiature :
meulière apparente, riches décors en
plâtre badigeonnés de blanc et en
brique, toitures en tuile ornementées de
crêtes et d’épis de faîtages.
Restauration de l’enduit à pierre vue
et de la toiture en tuiles plates de ce
colombier de Mareil-le-Guyon, avec
des aides financières du Parc.
Sur les conseils du Parc, les ouvertures irrégulières de cette maison rurale, caractéristiques de ce type d’habitat modeste, ont été conservées. Les moellons de meulière et de calcaire enduits à « pierre vue » à la chaux ont été débarrassés du crépi ajouté au 20e siècle. La structure de la maison est ainsi soulignée, avec son étage en sous pente qui rappelle que cette partie de la maison était autrefois un grenier dévolu au stockage. Le garage récent contre le pignon a été mieux intégré : son toit épouse désormais la pente du reste de la toiture et ses murs sont habillés de bois.
Cette maison de bourg a été restaurée dans les règles de l’art sur les conseils du Parc. Ce type d’habitations alignées sur la rue principale et souvent mitoyennes, possédait un étage et des façades ornementées. La rénovation a conservé les ouvertures régulières et rénové l’enduit couvrant d’origine, avec des nuances subtiles de teintes qui différencient les murs et les décors en relief, pour mettre en valeur ces derniers.
QUE FAIT LE PARC ?
L’un des objectifs inscrits dans la Charte du Parc, c’est de participer à la connaissance et à la valorisation du bâti ancien du territoire. Les services Architecture et Patrimoine du Parc apportent un conseil personnalisé aux communes et aux particuliers dans leur projet de restauration. Ils en délivrent ainsi plus de 150 par an, en échangeant avec les porteurs de projets et en effectuant des visites de terrain. Pour inciter à la restauration et favoriser des interventions de qualité, le Parc subventionne les travaux (70% plafonnés à 23 000€ pour les bâtiments publics et 30% plafonnés à 5 000€ ou 23 000€ dans le cadre d’une ferme en activité, pour les propriétés privées). Critères d’éligibilité : l’édifice ne doit pas bénéficier d’une protection (monuments historiques classés ou inscrits) et des aides nationales, régionales ou départementales qui en découlent. Il doit avoir une valeur patrimoniale et être visible depuis l’espace public.
En contrepartie, le propriétaire doit suivre les préconisations données en associant l’architecte du Parc en amont du projet et pendant le chantier. Il est possible de cumuler une aide du Parc avec une sollicitation de la Fondation du Patrimoine qui délivre des labels fiscaux aux particuliers et de monter les dossiers de souscriptions publiques pour les communes.