Les métiers liés à la production de fruits et légumes sont mal connus. Alors qu’ils représentent un énorme vivier d’emplois et s’enrichissent de nouvelles compétences. Et en plus, ils ont du sens !
Article de Cécile Couturier pour l'Echo du Parc n°90 (juillet 2022)
« Ça fait bizarre le soir, quand on rentre chez soi, de revoir les voitures, la route, les immeubles. Ici, nous sommes dehors presque toute la journée, entourés de nature. La ferme a le pouvoir de dépayser et ça me plaît énormément, » raconte Morgane, 20 ans.
« C’est pour ça que j’ai voulu venir ici, complète Maël. Je voulais faire plus de pratique que de théorie, ne plus passer mes journées dans une classe. On travaille directement sur le terrain. »
À 15 ans, Maël sait déjà ce qu’elle voudra faire plus tard : avoir sa ferme. En attendant, elle étudie. A la Ferme École Graines d’Avenir, labellisée Ecole de Production à Magny-les-Hameaux, six jeunes de plus de 15 ans suivent, comme elle, la formation proposée sur le site depuis octobre 2021 : le CAP Primeur. Pendant deux ans, complétés par une année de spécialisation en maraîchage, ils se transforment en professionnels des fruits et légumes.
Au menu : apprendre à faire sortir de terre des courges, pommes de terre ou tomates, en agriculture biologique voire en agroécologie – ce mode de production qui prend en compte l’environnement dans son ensemble, pour préserver et s’appuyer sur les ressources naturelles et la biodiversité. Ils sèment, plantent, repiquent, éclaircissent, récoltent et vendent.
Et se frottent aux étapes de la « première transformation » : savoir présenter les produits sous leur meilleur jour, sur les étals du marché ou dans les rayons d’un magasin, les découper, les sculpter ou les transformer en jus, sauce ou soupe. Bref, de la terre à l’atelier et du verger à la boutique, nos élèves ont de nombreux champs d’action.
Une fois leur CAP en poche, ils n’auront pas de difficultés à trouver un emploi. Car les besoins sont criants : chaque année, dans un secteur qui en totalise 450 000, 60 000 emplois agricoles saisonniers ou pérennes sont proposés, mais un tiers ne sont pas pourvus, en raison d’un manque de personnels qualifiés.
De plus, avec les nouvelles tendances sociétales (intérêt croissant pour les produits bio et fermiers, les circuits courts) associées aux enjeux actuels (recherche d’autonomie alimentaire des territoires, réduction de l’empreinte carbone liée au transport de marchandises, limitation des intrants chimiques) les besoins dans ce secteur vont continuer d’augmenter.
« Aujourd’hui les fermes innovantes font à la fois de la production et de la vente, explique Bruno Aimard, cofondateur et directeur de la Ferme École Graines d’Avenir. Les profils polyvalents sont donc très recherchés. Nous leur apprenons à travailler avec la nature et non contre elle. Il faut prendre le temps d’observer ses plantations, pour détecter la moindre altération, comprendre son origine, et mettre en place des techniques d’adaptation. Ceci, tout en respectant les sols, la faune et la flore environnants. Et en n’oubliant pas que les insectes, petits animaux et herbes sauvages peuvent être des alliés ! »
Nos jeunes élèves pourront donc devenir, au choix, maraîcher, vendeur dans une épicerie locale, sur les marchés, en centre de jardinage, responsable de rayon fruits et légumes en magasin, grossiste, ou encore employé dans les jardins des villes, où fleurissent potagers et vergers : « Ces espaces comestibles urbains peuvent rechercher des personnels pour assurer l’animation et le suivi », explique Bruno Aimard. Comment savoir si l’on est fait pour le métier ? Bien sûr, il faut aimer le contact avec la nature et avoir une bonne condition physique. Apprécier le travail manuel, sans avoir peur de la technicité car, quand on doit repiquer des semis ou éclaircir des rangs, il faut le faire vite et bien. Sans oublier la dimension créative et relationnelle, nécessaire pour mettre en valeur les produits et les vendre !
