Sites géologiques
Article de Cécile Couturier pour l'Echo n°91 (janv. 2023)
Promenons-nous dans les... sites géologiques ! Voici quelques lieux emblématiques ou étonnants à découvrir, muni de bonnes chaussures.
Article de Cécile Couturier pour l'Echo n°91 (janv. 2023)
Promenons-nous dans les... sites géologiques ! Voici quelques lieux emblématiques ou étonnants à découvrir, muni de bonnes chaussures.
Si vous ne devez en voir qu’un, c’est celui-là. L’endroit est spectaculaire : dans les sous-bois, de gros blocs rocheux (les chaos de grès), dans une vallée où coule une rivière à l’aspect torrentiel, offrent un paysage minéral vraiment pittoresque. Tellement romantique qu’il a inspiré de nombreux peintres entre les années 1850 et 1910. Le site compte également un moulin transformé en musée : un centre d’interprétation sur les paysages des Vaux-de-Cernay. On y trouve notamment une maquette 3D animée du site des Vaux-de-Cernay expliquant le phénomène de capture hydrographique, à l’origine de l’amoncellement de blocs de grès dans cette partie de la vallée.
Un vrai catalogue des roches de la Vallée de Chevreuse : la réserve naturelle de Saint-Rémy nous montre, affleurant à la surface, presque toutes les couches géologiques du territoire. En haut du plateau (Bois de la Guiéterie), à 170 m d’altitude, se situent les argiles à meulières recouvertes d’une fine couche de limon ; plus bas sur le versant, on voit les sables de Fontainebleau le long du sentier (ponctué de blocs de grès) ; en fond de vallée, de chaque côté de l’Yvette, un ensemble de zones humides est présent sur une couche d’argile verte de Romainville.
Cette ancienne carrière au nord de la Vallée de la Mérantaise est un site d’intérêt exceptionnel dans le Bassin parisien. Pourquoi ? C’est le seul où l’on trouve du grès du Stampien – période de l’ère tertiaire située -34 et -28 millions d’années – contenant des empreintes de mollusques d’eau douce… preuves de la présence de mares et étangs à cette époque. Étonnant, aussi, d’observer la configuration de la roche qui permet de comprendre son mode de formation.
Le grès s’est formé par cimentation des sables par croissance concentrique sous l’influence d’une nappe d’eau souterraine. À l’ouest, sur le front de taille, on peut trouver des traces fossiles de racines verticales très profondes : jusqu’à 2 mètres de haut !
Pour plonger dans l’histoire industrielle de la région, direction le Bois des Maréchaux, tout près des Vaux-de-Cernay, où d’anciennes carrières étaient en activité à partir de 1879 et jusqu’en 1930. Sur ce grand site d’extraction à ciel ouvert, exploité par la Ville de Paris, tous les matériaux ont servi : le grès pour les pavés, la meulière pour la maçonnerie des égouts de Paris, le sable blanc pour la verrerie. Deux cents ouvriers pouvaient y travailler, une voie ferrée de 6,4 km a même été créée pour relier les Essarts-le-Roi ! Aujourd’hui, le site garde les vestiges de cette exploitation intensive. Le PNR y a créé un sentier de découverte et installé des panneaux explicatifs qui rendent la promenade pédagogique.
Ici se trouvent des tourbières acides. Ce sont des milieux rares en Île-de-France. Cette particularité vient de l’argile présente dans le sous-sol qui a favorisé la formation de la tourbe, cette matière naturelle issue de la dégradation, pendant plusieurs millénaires, de végétaux dans une étendue d’eau privée d’oxygène. La tourbe était couramment exploitée jusqu’au milieu du XIXe siècle. Elle servait comme combustible, essentiellement pour le chauffage. Les actuels étangs Baleine et de Brûle-doux sont d’anciennes fosses à tourbe. Aujourd’hui, ce sont des milieux protégés abritant une biodiversité remarquable (Brûle-doux est fermé au public), à l’instar d’une petite plante à fleurs très rare, le rubanier nain.