Article de Cécile Couturier pour l'Echo du Parc n°79 (janvier 2019)
Chêne, hêtre, châtaignier, charme... Une vingtaine d'essences poussent dans les forêts du Parc naturel de la Vallée de Chevreuse. Le territoire, boisé à 46 %, compte 15 000 hectares de forêts publiques domaniales. Toute l'année, elles sont arpentées par des forestiers de l'Office national des forêts (ONF), l'établissement public chargé de les gérer. « Ces forêts remplissent trois grandes fonctions, explique Michel Béal, directeur de l'agence territoriale Île-de-France Ouest de I'ONF. « Il s'agit de produire le bois dont la société a besoin pour le chauffage, la construction ou l'ameublement, d'assurer la protection des milieux et espèces, car la forêt abrite une extraordinaire biodiversité, et d'entretenir les massifs comme lieu de promenade et de loisirs. Notre travail, c'est de faire en sorte que ces trois grandes fonctions cohabitent. »
La gestion est définie parcelle par parcelle, par un document d'aménagement forestier, sur quinze à vingt ans. « Nous sommes sur le temps long, souligne Michel Béal. Les effets de certaines actions sont visibles au bout de dizaines d'années, voire d'un siècle ! Nous travaillons aussi pour les générations futures. » La palette d'interventions des forestiers est vaste.
Dans les départements 78, 91, 92 et 95, cinquante agents aménagent des chemins, mènent des actions de sensibilisation et d'accueil du public... Pour l'exploitation du bois, 50 techniciens répèrent les arbres arrivés à maturité -180 ans environ pour le chêne- et les marquent. lis organisent la coupe et replantent -sauf si des semis naturels sont déjà à l'oeuvre, car l'idée est bien de maintenir l'équilibre de la forêt : que des arbres repoussent après chaque coupe, pour qu'au final, le milieu forestier se régénère. En moyenne, 30 000 m3 de bois sont exploités chaque année en Forêt de Rambouillet (soit une surface de 800 à 1100 hectares et 6,8% de la totalité du massiO. Les arbres servent à la fois comme bois d'oeuvre, bois d'industrie et bois énergie.
Pas de coupe rases
Des coupes qui ne sont pas stoujours bien perçues par les riverains, attachés à leur forêt. Ce constat aconduit I'ONF, depuis 2014, à revoir sa stratégie : « Nous ne faisons plus de coupes rases, c'est à dire de récoltes sur une même parcelle de tous les arbres adultes simultanément. Nous pratiquons la futaie irrégulière : des coupes plus hétérogènes, moins impactantes pour le paysage et qui permettent d'avoir sur site des arbres de tous /es âges. ». De plus, I'ONF prend désormais en charge la commercialisation du bois. Auparavant, il vendait le bois «sur pied» : les entreprises de bûcheronnage géraient elles-mêmes les chantiers de coupe, sans toujours veiller au respect des sites (sols, chemins, habitats naturels) ... Maintenant I'ONF vend de plus en plus de bois «façonné» : il confie les travaux à des sous-traitants, puis vend le bois coupé. Cela lui permet de garder la responsabilité des chantiers, mais aussi de mieux informer les acteurs locaux des opérations de coupes.
Des niches de biodiversité
Pour préserver les fonctions écologiques du milieu, I'ONF suit des grands principes : mélanger les essences pour garantir la résistance aux maladies et l'adaptation au changement climatique. Des végétaux sont plantés pour enrichir le sol ; les milieux humides, les mares sont conservés, tout comme les arbres morts et vieillissants car ce sont de véritables niches pour la biodiversité... Certains secteurs font l'objet d'une protection supplémentaire : plus de 1 400 hectares de la forêt domaniale sont classés « réserve biologique ». Parmi eux, 250 ha sont « réserve intégrale » : « On n'y intervient pas. On laisse la dynamique naturelle se faire pour étudier les impacts pour les espèces sur le long terme, » précise Michel Béal. Des actions qui rejoignent pleinement les objectifs du Parc et font du massif de Rambouillet un espace préservé. D'ailleurs, les deux partenaires viennent de s'associer pour lancer un projet dans les Étangs de Hollande : ils vont aménager une zone, à la frontière entre forêt et espace naturel, pour créer une lisière d'intérêt écologique et paysager. Une foule d'animaux, plantes et arbres pourront y élire domicile... Une expérimentation à suivre !
La foret publique
Depuis quand ?
Au 19eme siècle, le bois était le premier matériau de construction et une source d'énergie. La forêt française était intensivement exploitée pour des usages bien plus importants qu'aujourd'hui. S'est alors imposée la nécessité d'encadrer sa gestion, avec en 1827 un Code forestier pour limiter les coupes et protéger les forêts. Un cadre réglementaire qui mènera au mode de gestion actuel des forêts.
C'est quoi ?
Les forêts publiques sont dites domaniales lorsqu'elles sont propriétés de l'État. Les aménagements et l'exploitation y sont autorisés selon un plan établi par I'ONF. Les autres forêts, publiques ou privées, sont classées en forêt de protection. Défrichement et aménagements y sont interdits. Ainsi depuis 35 ans, la superficie forestière dans le Parc n'a paschangé.
Financement
L'ONF est un établissement public financé à la fois par l'Etat (35.6 M€ au niveau national en 2017), la vente de bois (259 M€). D'autres recettes et d'autres produits (169.6 M€), des prestations de services pour le compte de collectivités ou propriétaires privés (318 M€) et la chasse et concessions (65.1 M€).