Quelles en sont les causes ? Et quelles solutions ? Observateur attentif du problème, le Parc multiplie les actions pour refaire chanter l’avifaune.
Au printemps, c’est le grand ballet. Pépiements et battements d’ailes enchantent notre environnement : les oiseaux sont de sortie ! Oui... mais les arbres en comptent moins qu’avant. En ville comme dans les champs, les populations diminuent progressivement depuis des années. Les derniers résultats de l’étude STOC (Suivi temporel des oiseaux communs), observatoire de sciences participatives porté par le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) depuis 1989, font froid dans le dos : en 17 ans, en France, les populations d’oiseaux des campagnes ont diminué d’un tiers en moyenne(1).
Pour les spécialistes, ce n’est pas une surprise. « La situation est très inquiétante », déclare Grégory Patek, ornithologue et chargé d’études environnement au Parc, qui observe les oiseaux de la Haute Vallée de Chevreuse depuis dix ans. Avec ses collègues et des associations naturalistes comme Atena 78, le CERF et Bullion-Bonnelles Nature, il réalise régulièrement des comptages, des sessions d’écoute sur des zones « témoins », installe des filets pour capturer en douceur les oiseaux et les observer, avant de les relâcher. Chaque année, en juin, ils font l’inventaire des nichoirs naturels : où sont-ils installés, sont-ils occupés, hébergent-ils des petits ? Parfois, ils posent des bagues aux oisillons sortant du nid : de précieux indices pour suivre les déplacements et voir si le milieu est encore favorable …
Résultat : « Toutes les espèces diminuent peu à peu. la Huppe fasciée ou le pipit farlouse, par exemple, un oiseau des prés très commun il y a encore cinquante ans, ne se rencontrent quasiment plus aujourd’hui. » La pie-grièche écorcheur, oiseau migrateur qui apprécie les haies, milieux ouverts et épineux, ou la chevêche - petite chouette des prairies et vergers -, voient également leur population diminuer.
Réenchanter les espaces
Quelles sont les causes d’un tel déclin ?
D’abord, l’altération des habitats naturels : lorsque des bâtiments viennent remplacer une prairie, lorsque des haies ou des arbres sont coupés, ce sont autant de niches écologiques, propices à l’abri, l’alimentation ou la reproduction des oiseaux, qui disparaissent. De même, les champs cultivés en agriculture intensive, très homogènes, leur offrent peu d’habitats. Surtout, que ce soit le particulier ou le professionnel, l’usage des pesticides et des produits chimiques détruisent un nombre important d’insectes et de végétaux… donc la nourriture première d’une grande partie des oiseaux. Heureusement, des solutions existent.
Objectif : enrichir la biodiversité végétale et faire revenir les insectes pour, en bout de chaîne, doper l’avifaune. Comment ? En limitant les intrants chimiques ou, précise François Hardy, chargé de la mission nature/environnement, « en enrichissant la trame paysagère des zones agricoles. C’est-à-dire, en replantant des herbacées, des arbres et arbustes, des haies, pour recréer une moquette végétale vivante et des couloirs écologiques, propices à la circulation des espèces ».
Retarder les fauches – idéalement, à la mi-juillet – permet aussi d’éviter de blesser les petits nichés au sol, et aux insectes de prairie d’achever leur cycle de reproduction… Les oiseaux insectivores trouvent ainsi de délicieux coléoptères ou orthoptères. Ou bien, créer ou restaurer des mares : autour d’un point d’eau peut s’implanter un saule, et son cortège de plantes, insectes et animaux.
Toutes ces bonnes pratiques sont soutenues par le PNR, à travers des aides financières et logistiques. Les techniciens du Parc s’adonnent également à la construction et l’installation de nichoirs, en milieu naturel ou dans les communes. Ainsi dans plusieurs communes, dont Bullion, des dizaines de nids pour hirondelles ont été installés sous les toits, avec l’aide des écoles, et depuis, ça piaille sévère !
D’autres exemples d’actions bénéfiques ?
En 2010, 3 km de haies ont été plantées dans une exploitation agricole à Jouars-Pontchartrain. Depuis, l’exploitant a vu voler le bruant jaune… une espèce en déclin, non observée sur le Parc depuis une décennie. « Et à Méré, grâce à un agriculteur céréalier qui a laissé une parcelle de 40 hectares en prairie, nous avons vu revenir le tarier pâtre, en un an ! » s’anime Grégory Patek, qui conclut, avec François Hardy : « Il y a certaines espèces que nous avons perdues et ne pourrons retrouver. Mais si nous prenons les bonnes décisions, nous pouvons, très rapidement, ralentir le cours des choses. » Alors, prêts pour l’envol ?
Article de Cécile Couturier pour l'Echo du Parc n°77 de juin 2018
(1) Publication mars 2018, avec les données CNRS sur la zone-étude de Chizé. Plus d’informations sur les données nationales STOC : http://vigienature.mnhn.fr
• ne pas utiliser de produits chimiques et pratiquer un jardinage écologique (paillage, plantes répulsives, etc.),
• espacer les tontes, laisser a minima une zone de 10 m² non tondue : les oiseaux pourront ainsi circuler de parcelle en parcelle pour y piocher des insectes,
• cultiver des plantes autochtones : marguerite, sauge, achillée millefeuille, carotte sauvage,
• éviter le thuya et le laurier, et choisir le charme, l’aubépine ou l’églantier pour de magnifique ambiances champêtres (liste des essences p 74 guide éco-jardin),
Pour découvrir d’autres pratiques favorables à la biodiversité, consulter le Guide éco-jardin du Parc